Point macro économique T3 2024 et perspectives T4 2024

Que s'est-il passé au T3 2024 ?
Les marchés actions terminent ce trimestre sur de nouveaux records historiques (S&P 500, MSCI World) et pourtant la trajectoire pour y parvenir a été bousculée ; tandis que l’économie mondiale (les US en particulier) a donné dès le mois de juillet des signes de ralentissement, les investisseurs se sont demandés quelle situation il fallait privilégier :
- La situation négative avec des inévitables révisions à la baisse des bénéfices pour la fin de 2024 et 2025 ?
- Ou plutôt la situation positive du reflux des taux d’intérêt monétaires que la Fed allait déclencher pour contrer cet affaiblissement conjoncturel et ses conséquences potentielles pour l’emploi ?
Peu de temps après un dernier engouement autour des valeurs technologiques US, les doutes se sont donc propagés à Wall Street à partir de mi-juillet (créations d’emplois en diminution, statistiques décevantes sur les ventes au détail, augmentation des défauts sur les crédits à la consommation, inquiétudes sur le taux de chômage, …).
Associée au ralentissement conjoncturel de la zone euro et surtout de l’économie chinoise (faible consommation et faible demande), cette faiblesse de l’économie US a soudainement inquiété le marché. Dans le même temps les résultats des sociétés étaient décevants en Europe et mitigés aux Etats-Unis, où les MAG 7 ont cumulé des performances très décevantes comparées aux précédents trimestres.
Correction fin Juillet lorsque la Banque du Japon a relevé son taux directeur pour la deuxième fois cette année (appréciation du yen et débouclement massif de toutes les positions spéculatives financées par des prêts (en yens) pariant sur un taux de change toujours plus faible contre dollar à Carry Trading.
Heureusement, dans le même temps, le marché obligataire commençait à se renforcer en faveur d’une baisse des taux court terme aux US.
Lors de son comité du 31 juillet, la FED était forcée de constater que l’économie n’était plus assez vigoureuse pour endiguer l’inflation et craignait une forte dégradation de l’emploi, elle avait donc laissé entrevoir une baisse des taux dès septembre.
Cette « prévision » puis sa réalisation ont alors provoqué un engouement sur les marchés provoquant le rebond de la plupart des indices boursiers qui ont pu retrouver les plus hauts de la mi-juillet, excepté le NASDAQ qui est resté en retrait suggérant que le secteur (tech, IA) a peut-être atteint un haut de cycle.
Les orientations de la Fed et de la BCE en faveur d’une baisse massive des taux courts sur les douze prochains mois ont permis de faire reculer tous les rendements court terme obligataires de la planète et ainsi de prolonger jusqu’à la fin septembre la reprise boursière, à peine inquiétée par les risques politiques français, américains et du Moyen-Orient.
Fin septembre, nouvelle surprise : les autorités chinoises ont frappé fort pour tenter de relancer une économie domestique à bout de souffle, paralysée par la crise immobilière qui « plombe » 25% du PIB, détruit la confiance des ménages et bloque tout redémarrage de la consommation.
La Banque de Chine a pris alors de grandes mesures qui ont provoqué un rebond de 15 à 25% des indices en une semaine, impactant également le cuivre, le secteur du luxe européen et d’une façon générale toutes les entreprises très exposées à la Chine.
Commencé sur les « chapeaux de roue » avec le secteur de la technologie, ce 3ème trimestre 2024 se termine donc positivement malgré la sous-performance de ses leaders (Nvidia, Microsoft, Meta, Apple, Google, Amazon, …) qui ont été le fer de lance de la reprise boursière commencé il y a deux ans, en octobre 2022.
Pour finir, la nomination récente de Michel Barnier et la constitution de son gouvernement n’ont que peu rassuré les investisseurs internationaux.
Maintenant que le gouvernement est en place et va devoir afficher sa politique budgétaire, c’est au quatrième et dernier trimestre que le « bras de fer » avec les marchés obligataires va vraiment commencer.
- Le trimestre se termine ainsi sur une progression des actions mondiales (+18,39% YTD),
- Le CAC 40 gagne +2,28% (+4,2% YTD) sous-performant l’Euro Stoxx 50 (+2,45% sur le T3 mais +13,88% YTD),
- Du côté US, le S&P 500 est en hausse de +5,89% (+22,08% YTD) et le Nasdaq composite de +2,76%,
- Le Nikkei en revanche cède -3,56%, mais progresse encore de +15,05% YTD.
- Les actions chinoises (MSCI China) profitent de l’important rebond de septembre pour afficher une hausse de +23,02% sur le trimestre (+28,90% YTD),
- Les actions indiennes prennent +7,94% (+26,67% YTD).
Sur les marchés obligataires l’actualité a été dominée par le début du cycle de baisse de taux de la FED, de la BCE et de la Bank of England ; la banque du Japon quant à elle relève son taux directeur.
Du côté des taux gouvernementaux,
- Le rendement à 10 ans américain se détend mettant ainsi un terme à l’inversion de la courbe sur les maturités 2-10 ans.
- En Allemagne, les taux 2 et 10 ans allemand reculent,
- Sur la dette privée, les performances sont meilleures que sur les actions à portées par les baisses des taux souverains, les dettes de bonne qualité (Investment Grade) et haut rendement (High Yield) progressent.
Du côté des matières premières,
- L’or poursuit sa hausse dans un contexte d’incertitudes géopolitiques à achats massifs de la part des banques centrales (chinoise et russe notamment) dans un contexte de crainte d’une récession.
- A l’inverse, le prix du pétrole est en net repli sur le trimestre (-15,91%).
Perspectives pour le 4ème trimestre 2024
3 observations :
- les liquidités restent très abondantes, conséquence du « quoiqu’il en coûte » déclenché massivement pendant le covid. Les différentes baisses des taux à venir n’y changeront rien, bien au contraire ;
- cette liquidité explique les sentiments et momentum de cours sur le marché obligataire (européen surtout), sentiment qui se répercute sur les marchés actions bien que leurs fondamentaux (croissance économique ralentie, révisions des bénéfices à la baisse) ne soient plus en soutien par rapport au premier semestre ;
- les risques politiques (élections US, budget français, conflits armés, …) sont totalement oubliés. Ces décalages de marché sont classiques et l’histoire boursière nous apprend que des taux plus bas (monétaires) ou stables (obligations longues) sont de puissants soutiens à l’ensemble des actifs financiers et des matières premières.
Positionnement :
- Actions à une position neutre temporairement semble pertinente, tout en surveillant les rotations de secteurs qui sommeillent dans la perspective des élections US,
- Obligataire à une position un peu plus positive avec quelques fonds obligataires qui profitent bien de la dynamique actuelle,
- Monétaire à prudence sur les fonds monétaires à la rémunération déclinante.